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La cohabitation lapin/cochon d'inde
Article réalisé en collaboration avec le site Marguerite
• Point de vue du lapin Le lapin est un être social qui a besoin de compagnie. Il peut cohabiter avec des individus de son espèce comme avec certains autres animaux : chien, chat, cochon d’inde. Le lapin ne peut pas cohabiter avec de petits rongeurs, du fait de la différence de taille, d’un mode de vie trop différent (rythme diurne/nocturne) et d’une alimentation incompatible. Le cochon d’inde fait exception. Il est assez gros pour intéresser le lapin, il peut partager la même gamelle de verdure, a plus ou moins le même rythme de vie. De grandes amitiés peuvent se former entre lapin et cochon d’inde, ils peuvent devenir inséparables mais ces amitiés dignes de contes de fée ne doivent pas masquer une réalité moins rose : Ils peuvent aussi se battre, ne jamais s’entendre, se transmettre des maladies, se mutiler ou même se tuer. Le lapin est un animal habitué à une vie sociale très hiérarchisée, une grande partie de son activité consiste à marquer son territoire, à rappeler sa place dans la hiérarchie à ses vassaux ou à essayer de voler la place du Roi. La cohabitation entre lapins est soumise à des codes sociaux précis. Lorsque le lapin cohabite avec d’autres espèces il répète ces mêmes rites car c’est le seul langage qu’il connaisse. Le lapin grimpe donc sur son compagnon pour le soumettre et l’attaque pour le tester ce qui peut se révéler dangereux avec un cobaye et frustrant pour le lapin s’il voit que ce compagnon ne parle pas le même langage et ne répond pas correctement à ses stimuli. Cette incompréhension mutuelle peut provoquer des troubles du comportement chez les deux espèces. Le lapin transforme sa frustration en agressivité pouvant aller jusqu’à tuer le cobaye. Il est vital pour le cochon d’inde de pouvoir se réfugier dans une cabane en cas d’attaque. Il faut choisir un modèle trop petit pour un lapin pour être certain qu’il ne le poursuive pas. En réponse au comportement invasif et agressif du lapin le cobaye se «venge» en rongeant les poils du dos du lapin allant même jusqu’à irriter la peau. Nous avons rencontré deux cas où le lapin n’avait pratiquement plus de poils et la peau était en très mauvais état. Les propriétaires les laissaient ensemble pensant qu’il s’agissait juste d’un excès de toilettage. Il est important de les séparer dès les premiers signes de frustration de part et d’autre. Tout comme le lapin peut transmettre la bactérie Bordetella Bronchiseptica à un cochon dinde, le cochon d’inde peut transmettre la bactérie Pasteurella multocida au lapin. Ces transmissions d’une espèce à l’autre sont rares mais sont une raison de plus pour offrir à chaque animal un compagnon de son espèce. Si tout se passe bien, il n’y a aucun problème pour le lapin à cohabiter avec un cobaye, c’est pour cela que cette cohabitation est souvent conseillée par les amateurs de lapins et rongeurs. Malgré cela nous conseillons toujours d’offrir au lapin un compagnon de la même espèce avec lequel la communication se fera naturellement, évitant ainsi troubles du comportement et frustration. • Point de vue du cochon d'inde Le cochon d’inde est un animal social au même titre que le lapin. Ses habitudes alimentaires et sociales étant similaires à ce dernier, il est souvent conseillé de les faire cohabiter. Mais leur différence de communication et de puissance ne doivent pas être ignorées. Le cochon d’inde s’exprime autant par des postures, extrêmement différentes de celle du lapin, que par sa voix. Le lapin, plus silencieux, apprécie par contre le contact tactile, pour lequel le cobaye montre peu de goût. L'incompréhension générée par ces différences peuvent aboutir à des bagarres à l'issue parfois fatale pour le cochon d'inde. Le cobaye a besoin d’exercice, mais son exubérance est plus mesurée que celle du lapin, capable de bondir et courir à des vitesses impressionnantes. Les puissantes pattes arrière du lapin peuvent alors blesser le cochon d’inde, moins rapide et moins agile, même à poids et taille similaires (un cobaye peut atteindre 1,5 kg). Par ailleurs, un lapin non castré/stérilisé affiche en général de forts comportements sexuels, que ce soit un mâle ou une femelle. En montant le cochon d'inde, le lapin peut le blesser mortellement (dos brisé ou dommages corporels internes). Enfin, le lapin peut être porteur sain d’une bactérie, la Bordetella Bronchiseptica. Sans en montrer un seul symptôme, il pourrait contaminer le cochon d'inde pour qui, malheureusement, cette bactérie s'avère mortelle si le traitement tarde trop. Toutefois, un maître expérimenté en lapin peut utiliser ses connaissances avec ses cobayes au vu de la grande similitude existant entre les deux espèces. La majorité de leurs besoins vitaux sont extrêmement proches, à l'exception notable de l'incapacité du cochon d'inde à synthétiser sa propre vitamine C. En s'assurant néanmoins que le cobaye reçoive suffisamment de vitamine C au travers de sa nourriture, et parfois de compléments, l'alimentation peut être identique aux deux espèces: ce qui est bon, ou au contraire toxique, pour l'un l'est également pour l'autre. Si l'on ne peut aveuglément transposer les traitements médicaux du lapin au cochon d'inde, les principaux problèmes de santé, ainsi que leurs causes, sont similaires. Cela peut aider à mieux appréhender la santé des cochons d'inde, souvent plus méconnue. L'aménagement et la sécurisation de leurs habitats respectifs se ressemblent également beaucoup. Le cobaye aime, tout autant que le lapin, à se percher sur une petite cabane, utiliser des tunnels, s'enfouir sous des tissus ou du foin, s'amuser avec des jouets, ronger les fils, grignoter les plantes, etc... Mais la cohabitation des deux espèces dans un même espace (cage, enclos ou pièce de liberté) devrait être exclue pour des raisons de sécurité et de santé. La cage des cochons d’inde est placée préférablement en hauteur, et il est conseillé de se laver les mains après un câlin aux lapins, ou de commencer par câliner les cochons d’inde avant les lapins, pour une hygiène optimale afin de minimiser les risques de contamination par la Bordetella. Il n'existe actuellement aucune statistique ni sur le risque de contamination de Bordetella, ni sur la mortalité accidentelle résultant de cohabitations cochons d'inde/lapins, mais on ne peut en ignorer les risques. Si l'on recherche un compagnon pour un cobaye, rien ne vaudra un autre cobaye, comme rien ne vaudra un lapin pour un autre lapin. Mais rien n'interdit non plus à un maître de voir vivre ces deux espèces sous son toit, dès lors que toutes les précautions sont prises en connaissances de cause. |